Actuellement, le chômage augmente et la pénurie de main-d’œuvre est toujours là», a noté Olivier Curty, conseiller d’Etat en charge de l’économie, de l’emploi et de la formation professionnelle, après le mot d’accueil prononcé par Dirk Morschett, doyen de la faculté des sciences économiques et sociales (SES) lors de la quatrième édition de cet événement, lancé par le professeur Thierry Madiès, et parrainé par la Chambre de commerce et d’économie du canton de Fribourg et la Promotion économique du canton de Fribourg.
Quelque chose de fondamental a-t-il donc changé depuis une dizaine d’année, dans les RH? Les transformations sont en fait multiples, a démontré le professeur Eric Davoine, titulaire de la chaire de ressources humaines et organisation à l’UniFR lors de la conférence introductive. Entre déclin de la mondialisation, standardisation des fiscalités, vieillissement des populations, migrations, pénuries sectorielles de personnel, nouvelles attentes en matière de carrières et d’employabilité, mais également montée en puissance de l’intelligence artificielle, les enjeux pour les entreprises se recomposent inévitablement.
Et les RH se retrouvent au cœur des mutations. Secteurs publics et privés doivent s’adapter. Les manières de recruter, de fidéliser leur personnel et de maintenir leurs compétences à niveau sont également en évolution presque constantes.
Des pénuries sectorielles
Questions la plus pressante, pour les entreprises: y-a-t-il des secteurs plus touchés que d’autres par la pénurie de personnel? Oui clairement, le manque de talent est sectoriel, a d’emblée précisé Eric Davoine lors de la table ronde animée par Sophie Marenne, journaliste à L’Agefi. «Ce sont souvent les titulaires de CFC sont plus difficiles à trouver. Il y a là tout un enjeu de socialisation des jeunes aux métiers.»
Au front chez Manpower, le sponsor de FI, Marielle Cavallo, senior HR Consultant, a notamment mis en avant le secteur de la construction, où les profils de cadres, à tous les niveaux, sont difficiles à dénicher. Mais des fonctions très spécifiques, comme pharmacien en industrie, ou dans les métiers de l’horlogerie, sont également rares dans le canton, ont noté respectivement Nadia Piller, directrice RH chez Corden Pharma, et Claire-Lise Pelé Hemeryck, senior HR Manager chez Cartier.
Nouvelles attentes
Le problème réside souvent dans la transmission du savoir, a fait remarquer Eric Davoine. Comment le gérer dans un monde de l’entreprise où une proportion désormais très minoritaire d’employés restent en poste toute sa vie chez un seul employeur. Une piste pour retenir les employés? « Les jeunes aiment avoir des responsabilités », a noté Nadia Piller. Concernant les envies sociétales, notamment en termes de flexibilité et de télétravail, Claire-Lise Pelé Hemeryck a souligné qu’il n’y a pas de différences fondamentales entre jeunes et seniors. Les aspirations sont en revanche différentes selon les tranches d’âge, en fonction de la situation familiale de chacun. Aux employeurs de trouver les meilleurs modèles.
Le conseil d’Olivier Vavasseur: donner leur chance aux nouveaux venus sur le marché du travail. «Lorsque j’étais jeune diplômé, on me disait que je manquais d’expérience. Maintenant que je suis senior, je peux vous donner à son passage de junior à coach. Recourez aux compétences des personnes que vous avez engagées: si une langue spécifique était une condition de recrutement, faites utiliser cet idiome. Si vous recrutez un ingénieur, ne lui faites pas tenir des procès-verbaux », a-t-il lancé.
L’IA, un outil
Autre question incontournable, celle du recours à l’IA dans la gestion des RH. Pour Marielle Cavallo, de Manpower, les outils d’IA générative servent à la rédaction d’annonces, mais ne remplacent en aucun cas le contact avec les entreprises et les candidats. «Nous lisons tous les CV», a abondé Claire-Lise Pelé Hemeryck, de chez Cartier, rejointe par Nadia Piller, de Corden Pharma.
Pour cette dernière, le rôle de contact direct est d’autant plus important lorsque l’entreprise est engagée dans des adaptations stratégiques suite à un changement de propriétaire, comme c’est le cas dans sa société. Cela dit, l’IA en est encore à ses débuts et son potentiel d’amélioration demeure gigantesque. «Les entreprises testent», a fait remarquer Eric Davoine. Une attitude logique et à recommander.